Le français n’est pas la langue la plus simple qui soit, chacun en conviendra. Il existe en effet de très nombreuses règles, qu’elles soient d’ordre grammatical, lexical ou phonétique ; ne parlons pas des règles typographiques, bien mal connues, notamment dans les modes d’échange contemporains. Les plus familières de ces règles sont en général à peu près bien respectées, et, lorsqu’une d’entre elles est enfreinte, la faute est rapidement identifiée. Mais les problèmes naissent des règles peu courantes, voire ignorées ; de ce fait, certaines fautes, répétées et répandues, prennent force de loi, et rares deviennent les locuteurs qui les remarquent. La répétition d’une erreur en fait alors une norme, et celui qui emploie une tournure correcte mais peu usitée risque fort de se faire corriger à tort. Ainsi, si l’on s’avise de dire : Nous sommes sortis après qu’il est venu nous voir, ne doutons pas qu’il s’élèvera plusieurs voix pour corriger et affirmer qu’il faut dire Après qu’il soit venu ! Celui qui vient de s’exprimer correctement en utilisant l’indicatif après la conjonction après que sera considéré comme étant quelqu’un qui parle mal français, ce qui est un comble.
Les pages qui suivent s’attachent donc à mettre au jour – et non à jour ! – toutes ces fautes que l’on commet bien souvent de bonne foi, en croyant parler un français correct. Ces fautes sont de toutes sortes, comme nous l’avons évoqué précédemment : orthographe, grammaire, prononciation ne sont pas épargnées. Les fautes relatives au sens des mots ne sont pas, non plus, passées sous silence : très fréquemment, un mot est employé par erreur à la place d’un autre, ou bien une signification erronée lui est attribué. Pensons également aux pléonasmes, notamment à ceux qui ne sont pas analysés comme tels : dune de sable, par exemple, est un de ces pléonasmes que l’on emploie sans penser qu’une dune est nécessairement faite de sable, et que cette tournure est donc redondante.
Une partie importante de cet ouvrage est consacrée à ce que nous pourrions appeler des travers contemporains. Il s’agit d’expressions détournées de leur vrai sens, de tournures modifiées dans leur forme, de structures grammaticales malmenées, mais aussi de ce qu’il est courant de dénommer des tics de langage. La plupart de ces fautes et tournures malhabiles, présentes dans le parler quotidien, sont souvent dues aux utilisateurs des réseaux sociaux et de l’internet en général, qui en assurent une diffusion massive et rapide. Ces formes fautives, qui sont donc largement relayées, sont adoptées par de très nombreux locuteurs, car on vérifie rarement ce que l’on dit, écrit ou lit : on est persuadé que ce qui est employé est correct, surtout s’il s’agit de productions présentes sur des sites réputés sérieux, et l’on se donne rarement la peine de consulter un dictionnaire ou un manuel de français.